Après bébé : une relation de couple à réinventer

Après bébé : une relation de couple à réinventer

Il y a eu “l’avant”, la vie d’amoureux, libre et légère. Puis ces 9 mois à part, si vite passés. Voici venu le temps de “l’après bébé”, l’entrée dans la vie de parents. L’enjeu : ne pas laisser le couple d’amants se dissoudre dans la famille. Et ça commence tout de suite 

 

Partis à deux, ils sont revenus à trois. Heureux, encore sous le choc et un peu désorientés par le nouveau rythme de vie, qui s’impose immédiatement, sans accorder le moindre répit… Un bébé requiert l’attention soutenue de ses parents et mobilise une bonne partie de leur énergie. Ils partagent les inquiétudes et les joies, et ce défi quotidien de savoir répondre aux besoins de son enfant. Cela crée une belle complicité qui, les premiers jours, les comble pleinement. Estourbis par la nouveauté, épuisés par les nuits écourtées, ils s’endorment chaque soir… comme des bébés !

Puis peu à peu, ils atterrissent. Certes, ils sont devenus des parentset cette réalité va désormais en grande partie guider leur existence. Mais ils demeurent un couple. Il faut toutefois se rendre à l’évidence : les choses ont changé. Difficile désormais de s’ébattre librement où et quand bon leur semble ! La vie s’alourdit d’obligations incontournables. La parentalité a transformé le couple, et le regard de l’une ou de l’un sur l’autre a changé. Comme il faut réorganiser le quotidien, il faut reconsidérer la vie intime. Se retrouver, non pas comme avant, mais comme maintenant. Réinventer la relation, en somme. L’entreprise demande de l’attention. Mais l’enjeu en vaut la peine. 

Côté femme : un corps à retrouver après la grossesse

Durant 9 mois, la future maman a vu son corps se transformer. Elle s’y est souvent accoutumée de bonne grâce car à l’arrivée, il y avait la récompense : l’enfant. Après la naissance, elle ne retrouve pas comme par enchantement son corps d’avant – et là, pas d’échéance précise pour l’aider à accepter la métamorphose.

Pour certaines femmes, la surprise se révèle rude. Car il s’agit bel et bien, le plus souvent, d’une surprise. On ne prévient sans doute pas assez les futures mères qu’elles risquent d’avoir un cap délicat à passer, un moment éprouvant où elles préféreront éviter les miroirs. Elles ont été, surtout en fin de grossesse, le centre du monde, on les a écoutées, chouchoutées… Et voilà que l’attention générale se reporte, dès le séjour en maternité, sur le bébé ! Et qu’on les laisse plus ou moins seules, face aux manifestations d’un corps qui a subi un vrai bouleversement : fatigue, douleurs, courbatures, désagréments divers… Toutes choses qui ne facilitent, à l’évidence, ni le désir, ni la conscience de son pouvoir de séduction.

Le ventre devient parfois plus encombrant vide que plein. On ne l’avait pas forcément bien compris, il ne se résorbe pas miraculeusement après l’accouchement. Ce ventre-là, on ne le connaissait pas. Beaucoup de jeunes mamans n’ont qu’un souhait : s’en débarrasser au plus vite. Malheureusement, il faudra patienter plusieurs mois avant de retrouver celui qu’on connaissait “avant”: plus ou moins plat, mais en tout cas plus ferme.

Il arrive que la jeune mère hésite à se montrer nue devant son compagnon, et à se laisser caresser le ventre. Pourtant le désir d’un homme n’est pas toujours subordonné à la plastique de celle qu’il aime ; ce serait mésestimer la sexualité masculine que de le prétendre. Et puis, il ne soupçonne même pas ce qui, finalement, nuit au bien-être et à la disponibilité de sa compagne plus encore que le “volume” de son ventre : les bouleversements physiologiques qui s’y déroulent.

Les organes reprennent peu à peu leur place. L’utérus a occupé durant la grossesse un espace inusité, et a donc empiété sur celui des autres organes, notamment des intestins. La réorganisation interne ne se fait pas sans entraîner une certaine gêne. S’il y a eu césarienne, la cicatrice interne accroît cette gêne abdominale. Côté organes génitaux, épisiotomie ou pas, le bébé est passé par là et les tissus restent sensibles…
La sécrétion de prolactine, l’hormone qui joue un rôle sur la croissance des glandes mammaires et stimule la lactation, est nettement supérieure à la normale dans la période qui suit l’accouchement. Elle agit sur le cerveau, et diminue franchement la libido.

Le peu d’attrait de beaucoup de jeunes mamans pour le sexe ne relève donc pas du tout de la mauvaise volonté ! Pas davantage du désamour. Un faisceau de désagréments physiques incontestables le justifie amplement. Il s’agit d’un passage dont ni l’un ni l’autre des partenaires ne doit s’alarmer. Cependant, il arrive que le nouveau père subisse lui aussi des perturbations qui peuvent perturber sa libido et l’harmonie du couple.

Côté homme : une position délicate après la grossesse

Cela fait neuf mois que dans le couple, il ne tient plus vraiment la vedette ! En compagnon fidèle et en futur père convaincu, il a fait face du mieux possible aux transformations physiques et aux fluctuations émotionnelles de sa compagne. Il a accepté de subordonner ses désirs aux siens. Sans doute la certitude que cette période quelque peu perturbante aura une fin l’a-t-elle aidé à la surmonter… Dans certains cas, il n’est pas tout à fait au bout de ses peines.

Pas toujours évident de retrouver sa compagne comme avant. L’accouchement n’équivaut pas à un coup de baguette magique qui ferait réapparaître l’amoureuse en grande forme ! En fait, elle se montre même plus fatiguée, moins disponible. Il fallait s’en douter ? L’expérience de la naissance, au masculin comme au féminin, fait en général partie de celles qui ne se comprennent vraiment qu’en les vivant.

Bien souvent le bébé tient toute la place. Ça aussi, un jeune papa l’a entendu dire : un nouveau-né requiert des soins incessants. Mais il n’en a pas forcément mesuré l’impact sur la vie amoureuse. Si l’activité diurne de sa compagne est essentiellement tournée vers le bébé, elle n’offre guère d’autre sujet de conversation à son retour à la maison. Un sujet passionnant, certes, mais qui favorise plus la tendresse que l’érotisme. Quant à l’activité nocturne… Les nuits sont courtes, ponctuées de réveils intempestifs. Les premiers temps, on ne sait trop si et quand le bébé se réveillera ; et l’on n’ose pas toujours se lancer dans des câlins, de peur qu’ils ne soient brutalement interrompus, engendrant une frustration fort désagréable.

Il arrive que l’homme se sente un peu négligé. Dans la majorité des cas, le bonheur de devenir père n’exclut pas une certaine impatience à redevenir l’amant, l’aimé. Or, sa compagne ne semble pas avoir (encore) “la tête à ça”. Qu’elle entretienne une relation privilégiée avec le petit être sorti de son ventre, qu’il y ait dans cette relation quelque chose d’exclusif qui lui échappe, qu’installer sa propre relation au nouveau-né exige davantage de temps, il peut l’admettre (plus ou moins volontiers). Mais il a parfois la désagréable impression de passer pour une quantité négligeable, voire un gêneur. Aurait-il par hasard été utilisé comme géniteur, et rejeté une fois son office accompli ?

La frustration peut aussi se teinter de culpabilité si le jeune papa se surprend à éprouver un peu d’hostilité envers le nouveau venu. Lui – ou elle – “profite” du corps de la femme, de ses seins notamment. Il reçoit caresses, sourires et mots doux en abondance. La jalousie envers sa progéniture n’est pas un sentiment facile à assumer. Mais lui abandonner le terrain serait la pire des solutions. Et la mère et l’enfant ont tous deux besoin du père, dès le début.

Quelle attitude attend-on du jeune père ? La question, déjà d’actualité lors de la grossesse, se pose à nouveau. L’amant doit-il s’effacer derrière le père ? Doit-il taire ses désirs, voire les faire taire ? Certainement pas. Mais chercher à les imposer serait moins opportun que jamais. A lui revient le rôle de redonner sa place à l’érotisme dans les relations du couple, avec patience,et doigté.

Après bébé : une redécouverte progressive de la sexualité

Même quand l’harmonie sexuelle a régné pendant toute la grossesse, la libido de chacun a connu des hauts et des bas. Peut-être l’amant a-t-il dû mettre, sur la fin, ses désirs en sourdine. Bref, il connaît la nécessité de s’adapter. Cela peut renforcer, justement, son impatience de revenir à la “normale”. Mais, si tel est le cas, il atteindra beaucoup plus sûrement son objectif en usant de séduction.

Pour redevenir une amante, une nouvelle mère a souvent besoin de temps. Elle doit avant tout le souhaiter. Elle vit un état de grâce, sa relation si intime avec son bébé comble ses besoins affectifs, et même sensuels, surtout si elle l’allaite. Elle s’installe confortablement dans cette relation, sans intention de nuire à son compagnon, sans même penser qu’il puisse en souffrir. S’il ne lui en dit rien, elle pourrait continuer longtemps à l’ignorer sereinement. S’il le lui reprochait avec agressivité, elle risquerait de fuir le conflit en se réfugiant encore davantage dans cette maternité si paisible, si satisfaisante.

C’est en lui manifestant son amour que l’homme peut tenter de redonner à sa compagne le désir de retrouvailles physiques et sensuelles. Malgré la béatitude que lui apporte la maternité, elle ne se sent pas très à l’aise dans son corps. Elle a donc besoin d’être convaincue que cela n’altère en rien le désir qu’il éprouve pour elle, qu’elle reste ou redeviendra vite tout aussi troublante et désirable.

Réapprivoiser le corps de sa compagne demande de prendre tout son temps. Et de se souvenir de l’époque (pas si lointaine !) où il la courtisait… et n’hésitait pas à sortir “le grand jeu” : petits bouquets, coups de fil quotidiens, déclarations d’amour…

Idéalement, il devrait en plus lui manifester son soutien. En tant que père, bien sûr, en s’investissant autant qu’il le peut dans les soins au bébé. En tant que compagnon, en lui montrant qu’il prend en compte sa fatigue et ses coups de blues quasi inévitables. Vaste programme ! Pas toujours facile à mettre en œuvre dans la réalité…

Pour entretenir la sensualité au sein du couple, caresses et massages sont tout aussi bienvenus que pendant la grossesse. Et même davantage, car rien de mieux que ces contacts physiques pour démontrer à sa compagne qu’elle existe toujours à ses yeux en tant que femme.

Peu à peu, l’érotisme perce sous la tendresse. Mais beaucoup de jeunes mères éprouvent des craintes qu’il faudra calmer avant de revenir aux ébats “classiques“. Pour des raisons rien moins qu’imaginaires, elles appréhendent la pénétration. La solution : élargir la palette des caresses, les affiner, les prolonger.

Si une femme tait ses peurs et ses difficultés, son homme ne pourra pas les deviner ! Il sentira pourtant sa réticence, qu’elle la dissimule sous un consentement forcé ou une attitude de fuite. Il pourrait alors concevoir des doutes infondés. Il faut mettre les choses au point : ce qu’elle appréhende, ce sont les rapports sexuels, pas le contact physique.

Pour s’aimer à satiété, il faut en général du temps. Du temps sans bébé, tranquilles. Du temps entièrement dévolu aux retrouvailles. Le jeune père pourrait donner l’impulsion à ces escapades. Et même les organiser avec soin, pour éviter que la maman angoissée ne puisse se rétracter à la dernière minute.
Certes, les premières séparations d’avec son bébé sont douloureuses ! Il arrive que, d’un point de vue érotique, elles n’apportent immédiatement la satisfaction escomptée, les parents ne pouvant totalement empêcher leurs pensées de voguer vers leur enfant. Elles n’en resserrent pas moins les liens et encouragent à persévérer.

Plusieurs semaines sont nécessaires avant de reprendre des rapports sexuels “complets”. Mieux vaut prendre le temps nécessaire pour se redécouvrir et enrichir la relation, que brusquer les choses au risque de provoquer malentendus et aigreur. L’important, c’est que le dialogue et la sensualité restent au rendez-vous dans le couple.

Si au fil du temps la chasteté s’installe durablement, même d’un commun accord, cela n’augure souvent rien de bon. Papa et maman roucoulent en chœur autour de leur bébé, cela suffit à leur bonheur… Mais cela pourrait bien n’avoir qu’un temps ! Certes, la sexualité n’est pas l’unique lien d’un couple ; mais nul ne peut nier que le désir mutuel favorise la complicité, l’indulgence et l’humour.

 

source : parents.fr




Attendez ! Avant que tu partes...

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