Mettez du zen dans votre couple

Mettez du zen dans votre couple

Faire au mieux avec qui nous sommes pourrait résumer la philosophie du couple zen. Voici trois objectifs pour vous mettre sur la voie. Et cesser de courir après un idéal de vie inaccessible.

Dans un monde parfait, il suffirait de simplement s’aimer pour goûter durablement aux délices de la vie à deux. Les conflits se résoudraient harmonieusement, "routine" serait un mot inconnu. Aucun d’entre nous ne croit sérieusement que ce monde puisse exister. Pourtant, et ce n’est pas le moindre de nos paradoxes, non seulement nous n’avons pas fait le deuil de cette perfection, mais nous la cultivons, tel un jardin secret. Nous attendons l’amour dans nos vies comme les enfants attendent leurs cadeaux sous le sapin. Pas question d’être déçus ni frustrés, nous voulons tout : la durée et la nouveauté, la tendresse et le piment, la ressemblance et la différence.

Au fil des années, le niveau de notre exigence s’est accru, au point qu’aux premiers orages dans la relation amoureuse surgissent les grandes peurs et les grands doutes : suis-je condamné à l’échec ? Me suis-je trompé de partenaire ? Est-ce « le début de la fin » ? Et si nos attentes, autrement dit l’idée que nous nous faisons d’une relation idéale, étaient justement les principaux obstacles à une vie à deux épanouissante ?

Nous croulons sous les conseils et les avis d’experts : surmonter les crises, relancer le désir, retisser les liens de l’intimité… Il se pourrait que nous nous épuisions à courir derrière un idéal qui ne cesse de s’éloigner, tout simplement parce que nous avons oublié que, comme disent les bouddhistes, « la voie est sous nos pieds ». A force de courir, nous avons peut-être perdu notre chemin : celui de la réalité.

Etre zen en couple ne signifie pas autre chose que faire au mieux avec ce qui est, plutôt que mettre toute son énergie à atteindre ce qui "serait". « Faire avec » n’est pas, pour cette philosophie, une invitation à la résignation mais, bien au contraire, une invitation à la créativité. Celle dont se plaignent justement de manquer tant de couples dans l’impasse.

1er objectif : rejeter nos certitudes

 Combien d’entre nous ont une idée préconçue de la relation avant même de s’engager ? Combien ont la certitude de connaître par cœur leur partenaire ? Ces certitudes sont rassurantes, elles grandissent au fil du temps et chacun devient alors la croyance de l’autre, façonné par ses attentes. Jusqu’au jour où la lassitude fait voler les barreaux de la cage ou que l’un des deux partenaires se révèle sous un jour inconnu

Le principe : Tuer le Bouddha
« Si tu rencontres le Bouddha, tue le Bouddha ! » Cette réplique du maître chinois Lin-Tsi est certainement l’exhortation la plus déroutante du bouddhisme zen. Que signifie-t-elle ? Simplement que nous ne devons pas nous accrocher à une croyance, fût-elle la plus sacrée. Pour le bouddhisme zen, seule l’expérience est source de connaissance, et non l’idée, même brillante, que nous nous faisons d’une situation ou d’une personne. « Tuer le Bouddha », c’est le premier pas vers la liberté. Cet acte, qui consiste à se défaire de ses attentes, mais aussi de ses croyances et de ses préjugés, est, dans la vie amoureuse, le plus difficile à accomplir.

La pratique : Adopter l’esprit de débutant
Shoshin signifie, en japonais, l’esprit de débutant. « Lorsque nous n’avons pas l’idée de la réalisation, pas l’idée de soi, nous sommes de vrais débutants. Alors nous pouvons réellement apprendre quelque chose », écrit Shunryu Suzuki (1). Cet esprit, bien plus difficile à acquérir selon les maîtres zen que l’esprit de l’expert, ne peut se développer que si l’on accepte de tordre le cou à ses croyances et à ses habitudes.

  • Bannissez les « toujours » et les « jamais » quand vous vous adressez à votre partenaire.
  • N’assénez pas vos certitudes : « Je savais que tu réagirais comme ça », « Tu fais le mauvais choix, tu vas te planter », « Je sais ce que tu vas dire », etc.
  • N’énoncez pas de lois générales : « Tu ne sais pas t’y prendre avec les enfants », « Tu manques d’ambition », « Tu ne penses qu’à toi ».

Cultivez le « pourquoi pas ? » 
Sortez de vos idées préconçues sur vous, sur lui (elle). Dans les discussions, efforcez-vous d’adopter son point de vue, simplement pour casser vos automatismes mentaux. Acceptez les propositions qui ne vous tentent pas a priori, juste pour en faire l’expérience.

Partagez vos émotions, vos découvertes, vos petites joies. Comme aux premiers jours de la relation. Ne faites pas des problèmes et des reproches le seul « pot commun ».

2ème objectif : traverser les conflits

Désaccord sur l’éducation des enfants, partage des tâches ménagères, projets de vacances… Les motifs de conflits dans le couple ne manquent pas. Les divergences se transforment en accusations et les critiques en réquisitoires. La colère brouille les esprits et empêche toute confrontation constructive.

Le principe : Recycler la colère
A la source de tout conflit, il y a la colère. Elle explose d’autant plus facilement dans l’intimité qu’elle s’affranchit de tous les garde-fous qui la contiennent habituellement dans notre vie sociale. La colère est nourrie par le ressentiment, un sentiment d’injustice, ou par ce que l’autre touche en nous de vulnérable. Dans le bouddhisme zen, il n’y a aucune honte à ressentir la colère, émotion humaine comme une autre. L’étouffer pour adopter une impassibilité de surface n’est bon ni pour soi ni pour l’autre. L’utiliser pour prendre le dessus sur l’autre mène dans une impasse. En revanche, nous pouvons nous servir de cette énergie pour avancer à deux de manière constructive. Car dans la philosophie zen, cette émotion ne devient destructrice que si l’on s’en sert mal.

La pratique : Respirer et revenir à soi
Expirer la colère. Le maître zen Thich Nhat Hanh préconise, pour faire baisser la pression, un exercice très simple. Lorsque vous vous sentez emporté par la colère, quelques minutes peuvent vous calmer en profondeur. Prenez une inspiration nasale profonde en souriant et en vous disant : « Inspirant, je souris », puis expirez, toujours par le nez, profondément, en vous disant : « Expirant, j’expire ma colère. (in Soyez libre là où vous êtes - Dangles, 2003). »

Revenir à soi. 
« Chaud, froid, c’est vous qui l’expérimentez ! » lançait maître Taisen Deshimaru à ses étudiants, leur rappelant ainsi que chaque expérience personnelle est subjective. De l’eau froide sera froide pour l’un, glacée pour un autre. Autrement dit, les conflits s’enveniment dès que l’on essaie de convaincre l’autre de l’infaillibilité de son point de vue au lieu de s’en tenir à la seule expression de son ressenti ou de son expérience. Lesquels ne doivent être ni jugés, ni commentés. Chacun doit pouvoir aller au bout de son récit sans être interrompu ou agressé. Quand la colère menace de l’emporter, il est toujours possible de suspendre la discussion : « Je suis trop énervé pour discuter, j’ai besoin de me calmer. »

Faire part de sa difficulté à communiquer dans une ambiance émotionnellement éprouvante fait aussitôt baisser la tension d’un cran. Revenir à soi, en prenant soin de sa colère, en témoignant de sa seule expérience, permet de rester ancré dans l’ici et le maintenant, et de ne pas empiéter sur le territoire de l’autre.

3ème objectif : mettre fin à la routine

Travailler, s’occuper des enfants, faire les courses… Et le couple dans tout ça ? Le plaisir d’être ensemble s’est progressivement transformé en une routine parfois pesante, les habitudes ont usé l’amour. Comment réenchanter le quotidien ?

Le principe : Devenir le “tenzo” de son couple
La pratique du zen est une célébration de la vie quotidienne. Aucun acte ordinaire n’est à négliger. Ce n’est pas un hasard si, au XIIIe siècle, le grand maître Dôgen a fait du tenzo (le chef cuisinier) le second du monastère, juste derrière l’abbé. Car c’est dans la répétition des gestes humbles que l’esprit vigilant se libère des chimères du passé et du futur, et que la conscience s’affûte, comme un couteau. Devenir le tenzo de son couple exige que l’on accorde le même regard à tout ce qui se présente à nous.

« Ne regardez pas les choses ordinaires avec un regard ordinaire, avec des sentiments et des pensées ordinaires. […] Quand vous avez affaire à une matière grossière, ne la traitez pas sans égards ; faites preuve envers elle d’autant de diligence et d’attentions que si vous étiez en présence d’un objet précieux (in Instructions au cuisinier Zen - Le Promeneur, 1994) » Enfin, Dôgen, conscient que, sans efforts pour veiller à l’harmonie autour de soi, les conseils sur la pratique seraient insuffisants, rappelle au tenzo : « Si vous ne voulez pas que le désordre règne autour de vous, n’empiétez pas sur les droits des autres. »

La pratique : Les six saveurs et les trois vertus
Dans le règlement des monastères établi par Dôgen, il est dit : « Si les six saveurs ne sont pas en harmonie et si les trois vertus sont absentes, ce plat n’est pas digne d’être préparé. » Quels sont les ingrédients de votre vie de couple ? A vous de déterminer :

  • Les six saveurs (amer, acide, doux, piquant, salé, fade). Quelle saveur manque à votre relation ? Laquelle utilisez-vous sans modération ? Quelle saveur craignez-vous d’utiliser ? Laquelle vous rebute ? Pourquoi ? Toutes ces saveurs doivent cohabiter en harmonie. Une pincée de chacune favorise une relation riche et créative.
  • Les trois vertus. La souplesse-légèreté se réfère à la faculté d’adaptation et à la capacité à dédramatiser une situation. Elle vous fait défaut si vous avez tendance à l’exagération. Vous restez campé sur vos positions. La netteté-fraîcheur évoque l’intégrité, l’absence de préjugés, la transparence, l’esprit de débutant. Elle vous fait défaut si vous avez tendance à faire des cachotteries. Vous donnez votre avis avant d’avoir toutes les informations pour forger votre opinion. Le soin-précision renvoie à la vigilance, à la constance et au goût du "bien faire". Cette vertu vous fait défaut si, face aux épreuves, vous renoncez facilement. Vous dites fréquemment : « Personne n’est parfait ! » pour justifier vos manquements.

Maintenant, vous n’avez plus, comme le préconise Dôgen, qu’à « retrousser vos manches » !

Etre dans le vrai

On l’appelle dyana en Inde, ch’an en Chine et zen au Japon. Trois mots pour désigner la méditation. Trois mots pour définir une philosophie, une spiritualité et une religion. Tout commence il y a vingt-cinq siècles, lorsque, après quarante-neuf jours de méditation assise continue, Siddharta Gautama atteint l’éveil et devient Bouddha. Six siècles plus tard, c’est un moine ceylanais, Boddhidharma, qui apporte en Chine la pratique de la méditation assise. Cette branche se développera sept siècles plus tard au Japon en se divisant en deux grandes écoles : Sôtô et Rinzai.

Quels sont les grands principes du zen ? L’abandon de l’ego, la pleine conscience de l’instant présent et l’acception de la réalité telle qu’elle est.
Le zen affirme que nous sommes intrinsèquement parfaits, et que, par conséquent, il n’y a pas d’autre but à poursuivre que celui qui consiste à nous dépouiller progressivement des voiles d’illusions qui nous masquent la perfection de la réalité. Ses outils ? La pratique de la méditation assise, le zazen, le travail sur des koans (petites phrases énigmatiques destinées à casser nos schémas de raisonnement habituels), de sessions de questionnements maître-élèves, mondo, et, par extension, plusieurs activités comme la calligraphie, le tir à l’arc ou encore la cérémonie du thé.

 

source : psychologies.com




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